La Maison de la Parole a pour vocation d’être un lieu de sensibilisation à la vie spirituelle par la dimension artistique ainsi qu’un lieu de dialogue avec les artistes contemporains.
Martine Léna, qui participe à la Commission Art et Foi de la Maison de la Parole, nous donne quelques clefs pour nous aider à mieux appréhender l’art contemporain :
Nous sommes souvent désorientés face à l’art contemporain car, dans l’art, nous cherchons de la beauté, une certaine beauté ; alors que l’art contemporain est plus orienté vers la vérité, une certaine vérité de l’homme aujourd’hui qu’il cherche à dévoiler, à percer. Or, comme le dit Bernard Bro, dans son ouvrage La beauté sauvera le monde, « le beau est en même temps vérité du bien et bonté du vrai ».
Jérôme Alexandre, professeur de théologie à la Faculté Notre-Dame (Collège des Bernardins), dans son ouvrage L’art contemporain, un vis-à-vis essentiel pour la foi (p.73) souligne que « l’artiste contemporain, produit de la nouveauté en dévoilant l’existant », le mot dévoiler est ici important, car il s’agit de porter un autre regard sur ce qui nous entoure.
Alors l’art contemporain, un vis-à-vis essentiel pour la foi ! Qu’est-ce à dire ?
La foi n’est pas une activité intellectuelle, elle prend toute la personne, elle s’incarne, sinon il s’agit d’une idéologie. Elle fait appel à ce tréfonds de l’humain, au cœur de la personne humaine. Nous sentons bien que c’est toute notre personne qui adhère à quelque chose de bon, de vrai, de juste, de beau qui nous emplit, nous ravit et nous dépasse.
En vis-à-vis de la Foi, l’art. Et l’art d’aujourd’hui ! Celui des artistes sincères qui ont une démarche personnelle et vraie, même dans l’art d’avant-garde. C’est ce mot démarche qu’il nous faut souligner. L’important aujourd’hui est sans doute plus ce qui meut l’artiste que le résultat de son œuvre. Celle-ci ne sera que l’écho de cette « inspiration » qui l’a fait se déplacer, aller vers quelque chose d’inconnu, de nouveau, comme « aspiré » par on ne sait quoi à l’avance. N’est-ce pas là, la démarche d’Abraham ?
Et vis-à-vis essentiel de la foi. Essentiel parce que face à ces œuvres nouvelles, on se trouve à être interrogé, remis en question. Ce sera dans la mesure où se conjugueront l’ouverture et la tension que la personne pourra être réceptive à l’inspiration : l’artiste pour créer et celui qui la regardera/l’écoutera pour la recevoir. Il me semble que cette attitude, qui est celle de l’artiste mais aussi celle de celui qui se met en position de recevoir une œuvre, est celle-là même que requière la foi.
Oui, l’art d’aujourd’hui nous est essentiel. Ce n’est pas du superflu, du secondaire… c’est de l’indispensable. D’autant plus qu’il est offert à tous et à chacun. Il s’agit pour tous de devenir artiste, artiste de sa propre vie, artiste du monde, par un autre regard.